Sous la direction de Philippe Bet
Coutelas miniature
Bribes d’un quotidien
et Bertrand Dousteyssier
144
112
Haute couture
Aurélie Ducreux
146
114
De la guerre à la chasse
Matthieu Poux
116
“Si tu donnes…”
Matthieu Demierre, Matthieu Poux
118
Caligæ romaines
Marion Dacko, Aurélie Ducreux
Matthieu Poux
120
124
126
128
Des tuiles en plomb dans une villa
Aurélie Ducreux, Sophie Liegard
Un ensemble de vaisselle en bronze
Aurélie Ducreux
Fausse argenterie
Aurélie Ducreux
La coriandre (Coriandrum sativum),
un condiment d’importation
en région Auvergne ?
Manon Cabanis, Philippe Marinval
Les pains romains en grande Limagne,
bilan des découvertes
Manon Cabanis, Philippe Marinval
Croyances
eclats
arvernes
Un volcan, un dieu
Bertrand Dousteyssier
150
Petit temple pour grandes croyances
Jérôme Besson
152
Un exceptionnel sanctuaire domestique
Bertrand Dousteyssier
154
158
Fragments archéologiques
L’autel du “Carré Jaude 2”
Guy Alfonso, Bernard Clémençon,
Bernard Rémy
(Ier-Ve
Le plomb inscrit du sanctuaire de Rajat
à Murol
Pierre-Yves Lambert
siècle apr. J.-C.)
160
Les tablettes magiques de Corent
Bernard Clémençon, Matthieu Poux
162
Que s’est-il passé à la source de Maponos ?
Pierre-Yves Lambert
164
130
Histoires d’eau
Aurélie Ducreux
132
Un possible pied de meuble en bois tourné !
François Blondel
134
Nécessaire de toilette
Aurélie Ducreux
136
Peigne en bois estampillé
Guy Alfonso, Pierre-François Mille
Bouilloires grafitées et mutilées
en contexte cultuel
Jérôme Trescarte
138
Les pyxides découvertes
aux Martres-de-Veyre
François Blondel
Terrine de Lezoux. Que faisait Rosmerta
dans cette nécropole ?
Pierre-Yves Lambert
170
140
Un rare exemple de verrerie découvert
dans une sépulture en Auvergne :
la bouteille de Bègues (Allier)
Cédric Gérardin
Une grenouille dans un pot
Maxence Segard
172
Un dieu qui impose le silence
Philippe Bet, Bertrand Dousteyssier
174
À Mithra : un ex-voto céramique de Lezoux
à Angers (Maine-et-Loire)
Maxime Mortreau
176
142
Un vase en black-shales
dans un puits arverne
Sophie Liegard
Les grafiti à Totates du bourg routier
antique de Beauclair (Puy-de-Dôme)
Bernard Clémençon, Pierre M. Ganne
Presses universitaires BLAISE PASCAL
166
168
Table des matières
La marque de Rome
Le pied colossal en bronze de Clermont-Ferrand
Guy Alfonso, Maria-Pia Darblade-Audoin, Benoit Mille
30
César en médaillon
Matthieu Poux
32
Prince et potiers
Philippe Bet
34
Deux portraits impériaux réhabilités
Sophie Descamps-Lequime
36
Figures arvernes
Un soldat de la cohorte lyonnaise inhumé à Vichy
Aurélien Blanc
40
Un marbrier arverne à l’époque romaine
Aurélien Blanc, Pierre Boivin, Didier Miallier
42
Sanuillus, une enquête sur plus d’un siècle
Pierre Pouenat
44
Conirmation de l’existence de l’épitaphe
de Sidoine Apollinaire
Patrice Montzamir
46
La parole est aux Arvernes
50
Redonner des voies à des bornes muettes.
Bornes milliaires anépigraphes de la cité
des Arvernes
Marion Dacko, Bertrand Dousteyssier
52
Signalisation routière
Marion Dacko
54
56
58
Les boîtes à sceau de Lezoux : des témoins
de l’activité commerciale au Ier siècle
Philippe Bet
Le plat de Lezoux : testament, lettre
ou règle de conduite ?
Pierre-Yves Lambert
Une urne inscrite redécouverte
en conservation
Aurélien Blanc
62
Une tuile inscrite redécouverte
en conservation
Laurent Lamoine
64
Une inscription romaine
dans une terrasse auvergnate
Aurélien Blanc
66
68
72
74
Une inscription inédite du département
du Cantal
Aurélien Blanc, Bertrand Dousteyssier,
Laurent Lamoine, Franck Vautier
Correspondances romaines
Aurélie Ducreux
Histoire d’argile
Des millions de vases ratés et seulement
quelques moutons
Philippe Bet
D’une industrie de prestige à l’autre :
la Serve d’Ervier
Marie-José Henry
Éléments architecturaux à engobe blanc
de Lezoux
Pierre Pouenat
76
Des poinçons-matrice bien authentiques
Philippe Bet
80
Fruits artiiciels et œufs factices
Philippe Bet
Une monnaie en terre cuite de VERCA,
une pièce sans valeur
ou un objet inestimable
Philippe Bet
Un vase à reliefs d’applique fabriqué
en territoire arverne : le Déchelette 74
Damien Tourgon
Sous le signe du lion
Julie Charmoillaux
De Lezoux à Trèves, la métallescente,
exemple d’une vraie réussite
Philippe Bet, Daniel Gras
Des cruches tombées au fond du puits.
L’Antiquité tardive à Lezoux
Sandra Chabert
Un vase culinaire rhénan du IVe s. apr. J.-C.
trouvé aux portes de la capitale arverne
Alain Wittmann
Les derniers Drag. 37 de l’Empire romain
ont été fabriqués à Lezoux
Philippe Bet, Bertrand Dousteyssier
Palmettes et rouelles : un plat en dérivée
de sigillée paléochrétienne
à Romagnat
Sandra Chabert
Une forme inédite de sigillée à Lezoux :
la 277e
Delphine Beranger
Des lions dans la cité arverne
Philippe Bet
Antéixes et éléments de toiture d’exception
Philippe Bet
78
84
86
88
90
94
98
100
102
104
106
108
Bribes d’un quotidien
112
114
116
118
120
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126
128
130
132
134
136
138
140
142
Haute couture
Aurélie Ducreux
De la guerre à la chasse
Matthieu Poux
“Si tu donnes…”
Matthieu Demierre, Matthieu Poux
Caligæ romaines
Marion Dacko, Aurélie Ducreux
Un ensemble de vaisselle en bronze
Aurélie Ducreux
Fausse argenterie
Aurélie Ducreux
La coriandre (Coriandrum sativum),
un condiment d’importation
en région Auvergne ?
Manon Cabanis, Philippe Marinval
Les pains romains en grande Limagne,
bilan des découvertes
Manon Cabanis, Philippe Marinval
Histoires d’eau
Aurélie Ducreux
Un possible pied de meuble en bois tourné !
François Blondel
Nécessaire de toilette
Aurélie Ducreux
Peigne en bois estampillé
Guy Alfonso, Pierre-François Mille
Les pyxides découvertes
aux Martres-de-Veyre
François Blondel
Un rare exemple de verrerie découvert
dans une sépulture en Auvergne :
la bouteille de Bègues (Allier)
Cédric Gérardin
Un vase en black-shales
dans un puits arverne
Sophie Liegard
Coutelas miniature
Matthieu Poux
144
Des tuiles en plomb dans une villa
Aurélie Ducreux, Sophie Liegard
146
Croyances
Un volcan, un dieu
Bertrand Dousteyssier
Petit temple pour grandes croyances
Jérôme Besson
Un exceptionnel sanctuaire domestique
Bertrand Dousteyssier
L’autel du “Carré Jaude 2”
Guy Alfonso, Bernard Clémençon,
Bernard Rémy
Le plomb inscrit du sanctuaire de Rajat
à Murol
Pierre-Yves Lambert
Les tablettes magiques de Corent
Bernard Clémençon, Matthieu Poux
Que s’est-il passé à la source de Maponos ?
Pierre-Yves Lambert
Les grafiti à Totates du bourg routier
antique de Beauclair (Puy-de-Dôme)
Bernard Clémençon, Pierre M. Ganne
Bouilloires grafitées et mutilées
en contexte cultuel
Jérôme Trescarte
Terrine de Lezoux. Que faisait Rosmerta
dans cette nécropole ?
Pierre-Yves Lambert
Une grenouille dans un pot
Maxence Segard
Un dieu qui impose le silence
Philippe Bet, Bertrand Dousteyssier
À Mithra : un ex-voto céramique de Lezoux
à Angers (Maine-et-Loire)
Maxime Mortreau
150
152
154
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180
182
184
Maillet au pied
Bertrand Dousteyssier
Une statue de dieu gaulois découverte place
Grégoire-de-Tours à Brioude (Haute-Loire)
Fabrice Gauthier
Superstition ou convivialité
Philippe Bet
“Le bronze le plus précieux” du musée
de Saint-Germain-en-Laye a été découvert
à Lezoux !
Bribes de sites
188
190
192
194
198
200
202
204
206
Brut de destruction
Élise Nectoux, Bertrand Dousteyssier
Arvern’art
Représentations phalliques
sur la céramique arverne
Alain Wittmann
Loulous chez les Arvernes
Jean-Claude Béal
Le dauphin-fontaine de Prondines
Antoine Hermary
Entre établissement rural et lieu de culte :
une statue de cavalier à l’anguipède à Riom
Maxence Segard
Éléments de statuaire en trachyte du puy
Cliersou ou de l’Aumône / Petit-Suchet
Pierre Boivin, Sophie Liegard
Un ovni signalé aux Martres-d’Artière,
ou intermède tragi-comique
René Murat
Décors peints d’époque romaine sur le site
de Trémonteix à Clermont-Ferrand
Julien Boislève
Pierre d’ancrage de pressoir
(La Roche-Noire)
Anne Curvale
Un poète grec chez les Arvernes :
portrait de Ménandre
Emmanuelle Rosso
Un bâtiment vinicole découvert
dans la villa antique de Champ Chalatras
aux Martres-d’Artière (Puy-de-Dôme)
Pierre Vallat
L’enclos de la Montagne de la Vèze
(commune de Pailherols, Cantal)
Frédéric Surmely
Des blés sacrés et des sacrés déblais, le site
de Blanède (Le Broc, Puy-de-Dôme)
Bertrand Dousteyssier
Fin de carrière pour une ville ?
Philippe Bet, Bertrand Dousteyssier
Un site de production remarquable
à Lezoux : Le Teix / Les Fromentaux
Alain Ferdière
Voie romaine à Malintrat (Puy-de-Dôme)
Daniel Parent
Un opus sectile du “pauvre” à Vertaizon ?
Laurence Lautier, Daniel Parent
212
214
216
218
220
222
226
230
Travail d’orfèvre
ou de forçat
Un outil de potier destiné à la décoration
des vases : la molette de Gondole
Alain Wittmann
234
Image de marque
Aurélie Ducreux
236
Ça balance pas mal…
Aurélie Ducreux
Tas de fer
Aurélie Ducreux
L’outillage en fer d’une villa
gallo-romaine arverne
Sophie Liegard
238
240
242
244
Une houe en bois de cerf
Sébastien Gaime, Pierre Pouenat
246
Charpenterie des mines gallo-romaines
du ilon Saint-Denis (district minier
de Pontgibaud, Puy-de-Dôme)
Christophe Marconnet
248
250
Une carrière antique de grande envergure
dans le cratère d’un volcan
Didier Miallier, Pierre Boivin, Nicolas
Cluzel, Bertrand Dousteyssier
Tuyaux et génie hydraulique
Philippe Bet
Attentions pour l’au-delà
254
256
258
260
Un cercueil en sapin de l’époque
gallo-romaine parfaitement conservé
découvert aux Martres-de-Veyre
(Puy-de-Dôme)
François Blondel
Dernières attentions
Kristell Chuniaud
Sept igurines pour l’au-delà
Bertrand Dousteyssier
Inhumer des chiens avec des humains ?
L’exemple du Pâtural, au Ier siècle
de notre ère
Sylvain Foucras
264
Les vases ossuaires
et leurs couvercles percés
Frédérique Blaizot, Alain Wittmann
268
270
Mystères arvernes
Le “menhir” de la Pierre Piquée à Aubière
(Puy-de-Dôme)
Frédéric Surmely
274
Les Arvernes face aux vestiges funéraires
protohistoriques : un intérêt particulier ?
Fabien Delrieu, Bertrand Dousteyssier,
Pierre-Yves Milcent
276
La vieille femme de Vichy : fonction
énigmatique d’un vase anthropomorphe
Sophie Descamps-Lequime
278
Une vie de chien pour la meute de Cébazat
Pierre Caillat
Un bœuf à queue coupée
Pierre Caillat
280
282
Le chant du cygne
Bertrand Dousteyssier
262
266
Des pots dans la tombe. Sépulture 153
de la nécropole de la Maison Blanche
Sandra Chabert
Des vases brisés et usagés
dans les sépultures
Frédérique Blaizot, Alain Wittmann
Les vases miniatures en contexte funéraire
Frédérique Blaizot, Alain Wittmann
Clin d’œil
La tête gauloise de Clermont
Bernard Clémençon
286
Céramique plombifère antique
et culture archéologique
Philippe Bet
288
Musée imaginaire
293
LA MARQUE DE ROME
César en médaillon
Matthieu Poux
Bibliographie
Poux Matthieu (dir.) (2012),
Corent, voyage au cœur
d’une ville gauloise, Paris,
Errance (2e éd.)
32
La pièce ci-contre est un denier en argent frappé à
l’eigie de l’empereur Vespasien, qui a régné entre
69 et 79 de notre ère. Son portrait à l’avers et la
titulature inscrite sur ses deux faces permettent de la
dater plus précisément des années 70-74. Au revers
igure un caducée porté par deux ailes et entouré
de deux serpents entrelacés. La monnaie a été sertie
dans un médaillon de facture sommaire, formé
d’une bandelette d’argent enroulée et maintenue
par un tenon de même métal, bouleté à l’une de ses
extrémités. L’autre extrémité est brisée, de sorte
qu’il n’est pas possible d’établir s’il était suspendu
ou porté à la manière d’une broche (ibule).
Ce portrait monté en médaillon peut être interprété
comme un témoignage du culte rendu aux empereurs
après leur mort et leur “apothéose”. L’usure de la
pièce indique qu’il a été déposé après la mort de
Vespasien plutôt que de son vivant, vers la in du
Ier siècle ou au début du IIe siècle.
En territoire arverne comme dans les autres
cités de Gaule, le culte impérial a connu un essor
fulgurant durant le Haut-Empire. Introduit sous
le règne d’Auguste, il s’exerçait principalement
dans les centres urbains. Un temple monumental
consacré à Rome et à Auguste s’élevait sur le forum
d’Augustonemetum, place de la Victoire à ClermontFerrand. Le pied d’une statue d’empereur en
bronze de taille colossale, découvert sur le site de
la gare routière, est lui aussi daté par comparaison
stylistique de la in du Ier siècle ou du début du
IIe siècle.
Cette ofrande est beaucoup plus modeste et
s’inscrit dans un tout autre contexte. En efet, elle
a été retrouvée en 2008 sur le puy de Corent, siège
d’une ancienne ville gauloise identiiée à la capitale
des Arvernes indépendants, abandonnée peu après
la guerre des Gaules. Seul son sanctuaire a été
maintenu en l’état et même, reconstruit à plusieurs
reprises entre le début du Ier siècle et le IIIe siècle. Il
est associé à un petit théâtre de type gallo-romain et
à d’autres édiices construits et fréquentés au cours
de la même période. Repérés uniquement par le
biais des prospections aériennes ou géophysiques,
leurs vestiges s’étendent sur une surface importante,
supérieure à 3 hectares. Ils appartiennent à un
complexe religieux dont l’importance a longtemps
été sous-estimée.
On sait aujourd’hui que les théâtres construits sur les
sanctuaires, à distance des grandes agglomérations,
ont précisément servi de cadre aux cérémonies
régulièrement organisées par les notables de la cité
en l’honneur de l’empereur. Ce bijou a été retrouvé
dans l’enceinte d’un petit enclos maçonné, dont le
plan n’a été reconnu que partiellement, mais dont la
vocation cultuelle fait peu de doute au vu des autres
mobiliers retrouvés (antéixe et statuette en terre
cuite, ibules intactes).
Il est également possible que la pièce montée en
médaillon ait été choisie pour le motif igurant à
son revers. En efet, le caducée ailé est l’emblème
de Mercure, divinité tutélaire des Arvernes honorée
par de nombreuses inscriptions et dans le grand
temple qui lui était dédié sur le puy de Dôme. Or
de nombreux indices désignent la divinité gauloise
vénérée à Corent avant la conquête romaine comme
l’ancêtre de ce Mercure local, appelé Mercurius
Dumias ou Arvernus. Le fait que le site ait été
désigné, jusqu’au XIe siècle, par le toponyme Mons
Arvernicus (mont Arverne) appuie cette hypothèse.
Son sanctuaire et son théâtre ont vraisemblablement
servi de cadre, durant l’époque romaine, à des
cérémonies commémoratives célébrant l’alliance des
dieux indigènes et de la puissance impériale.
Par le port et le don d’un médaillon associant
Vespasien au caducée, un idèle a pu manifester
à cette occasion son attachement à l’empereur,
autant qu’au dieu tutélaire des Arvernes. Ce geste
de dévotion populaire s’adresse, paradoxalement,
à un empereur qui n’a jamais attaché une grande
importance à la religion et à l’immortalité de l’âme.
Envahi par la maladie dans les dernières années de
sa vie, il aurait déclaré : “Malheur, voilà que je me
transforme en dieu !” (Suétone, Vie des douze Césars,
Vespasien, 23).
Denier de Vespasien serti en médaillon (argent)
33
B RIB ES D' UN QUOTIDIEN
De la guerre à la chasse
Matthieu Poux
Ce lot d’armes en fer a été découvert à la in des
années 1960 à l’angle des rues Niel et de la
Liève, dans une tombe à incinération associée
à une petite nécropole implantée au nord-ouest
d’Augustonemetum. Exposé depuis au musée
Bargoin de Clermont-Ferrand, il n’avait pas attiré
l’attention jusqu’à sa “redécouverte” fortuite au
début des années 2000.
Hormis un plat en céramique (malheureusement
disparu), la sépulture recelait huit pointes en fer
parfaitement conservées, appartenant à diférentes
catégories d’armement. La première correspond à
une arme de poing de type poignard ou épée courte,
composée d’une soie pour l’emmanchement et d’une
lame à bords droits et pointe triangulaire, ornée
sur ses deux faces de trois cannelures. La tombe
comprenait aussi un fer de lance ou de javelot de
forme foliacée, prolongé par une douille circulaire.
Le lot est complété par une série d’armes de jet
caractérisées par une douille et une pointe eilée
de section carrée, de longueur décroissante (de 13 à
7 cm pour la plus courte).
La forme atypique du poignard et l’interruption de
son décor prouvent qu’il a été recoupé et retaillé à
partir d’une arme plus longue, de type gladius (l’épée
courte utilisée par les légionnaires pour le combat
au corps à corps) ou spatha (l’épée longue utilisée
par les corps de cavalerie auxiliaire pour le combat
à cheval). Il a sans doute connu un changement
d’usage, puisque les autres pointes retrouvées dans
la tombe ne correspondent pas à l’équipement
standard des soldats du Haut-Empire.
Il s’agit plus probablement d’armes de chasse :
javelot, épieux et lèches, particulièrement adaptés
à la chasse du gros et du petit gibier, sont complétés
par un coutelas servant à achever l’animal blessé. Des
pointes à douille de module et de facture identique
garnissaient une tombe de chasseur fouillée à
Narbonne, tandis qu’un fer similaire découvert à
Montagnac dans l’Hérault est interprété comme un
trait d’arbalète, arme réservée à l’époque romaine à
114
la pratique de la chasse. Son utilisation à des ins
cinétiques est documentée par deux bas-reliefs
précisément découverts non loin de ClermontFerrand, à Solignac-sur-Loire et à Saint-Marcel chez
les Vellaves.
Le célèbre testament du Lingon, attaché à un
monument funéraire construit par un notable près
de Langres, énumère toute une panoplie dont la
composition correspond à cet ensemble : “Je veux
que tout mon attirail pour chasser et prendre les
oiseaux soit brûlé avec moi, avec mes épieux, mes
glaives, mes coutelas […].”
Les tombes de soldats sont exceptionnelles en
Gaule romaine et présentent rarement la même
composition. En Auvergne, on peut citer comme
exemple la sépulture d’oicier de Chassenard dans
l’Allier. Outre une panoplie d’équipement militaire,
elle a livré une pointe de lèche considérée comme
une arme de chasse plutôt que de guerre. Ces
armes ont pu appartenir dans un premier temps à
l’équipement de soldats, qui, devenus vétérans, les
ont reconverties pour une nouvelle utilisation dans
la vie civile.
Le testament du Lingon nous apprend que la pratique
de la chasse, avec ses règles et son armement
particulier, était l’apanage des élites en Gaule
romaine. Il est rare qu’elle soit mise en évidence
par l’archéologie et, de ce point de vue, l’ensemble
funéraire de la rue Niel peut être considéré comme
tout à fait exceptionnel.
Bibliographie
Poux Matthieu, Feugère Michel et Demierre
Matthieu (2008), “Autour de Gergovie. Découvertes
anciennes et récentes”, in Sur les traces de César.
Militaria tardo-républicains en contexte gaulois
(Actes de la table ronde de Bibracte, 17 octobre
2002), Matthieu Poux (dir.), Glux-en-Glenne,
Centre archéologique européen, p. 203-224
De haut en bas : ensemble d’armes de chasse (coutelas, fer de lance, épieux et armatures de lèches)
retrouvé dans une tombe à incinération de la rue Niel à Clermont-Ferrand ; scène de chasse
sur un bas-relief de la villa de Saint-Marcel (Haute-Loire)
115
B RIB ES D' UN QUOTIDIEN
“Si tu donnes…”
Matthieu Demierre, Matthieu Poux
Cette bague en bronze, formée d’un simple anneau
surmonté d’un chaton lisse, a été découverte en
2002 dans les niveaux de fréquentation de la cour
du sanctuaire gallo-romain de Corent, datés du
IIe siècle de notre ère. Son faible diamètre (1,45 cm)
laisse supposer qu’elle appartenait à une femme ou
à un adolescent.
Son plateau comporte une inscription latine, gravée
sur deux lignes en lettres cursives bien lisibles :
SI DAS / DABO, qui signiient littéralement “Si tu
donnes / je donnerai”. Le bijou aiche une promesse
qui pourrait être rapprochée, eu égard à son contexte,
de la formule religieuse do ut des (“Je donne ain que
tu donnes”), adressées aux divinités dans le cadre
des rites d’ofrande et d’ex-voto.
Il peut être rapproché d’une série d’anneaux inscrits
répertoriés principalement dans la région rhénane,
dont il constitue l’un des exemplaires les plus
méridionaux connus à ce jour. Une cinquantaine de
bagues similaires ont été retrouvées empaquetées
dans un sol des canabæ du camp de légionnaires de
Bonn (D). Produites localement au début du IIIe siècle,
elles étaient probablement destinées à la vente aux
occupants modestes de cette zone périphérique du
camp militaire. Elles comportent pour la plupart
des inscriptions analogues, interprétées comme des
formules amoureuses : SI DAS / DO (“Si tu donnes / je
donne”), DA VITA(m) (“Donne la vie”), TE AMO (“Je
t’aime”) ou DULCIS (“À ma douce”).
Comme ces dernières, la bague de Corent correspond
vraisemblablement à un cadeau entre amants, ofert
en guise d’ofrande à une divinité ou perdu sur le
sol du sanctuaire. Mais la formule est ambiguë et
pourrait également correspondre à du racolage : “Si
tu (me) donnes (de l’argent), je (te) donnerai (mon
corps).” Cette supposition s’accorde bien avec le fait
qu’elle ait probablement été portée par une femme.
116
Le contexte de découverte des exemplaires de Bonn
va également dans ce sens : situées à l’extérieur
du camp, les canabæ hébergeaient une population
civile qui vivait principalement de ses échanges avec
l’armée. Or les contacts entre soldats et prostituées
y étaient particulièrement fréquents.
Une scène de l’Asinaire de Plaute (IV, 1) illustre cette
hypothèse, qui décrit deux hommes établir un contrat
pour la “location” d’une prostituée pendant une année.
Entre autres formalités visant à protéger le locataire
et à lui garantir l’entière et exclusive propriété de
la jeune ille, une clause du contrat stipule qu’elle
ne devra “ni montrer sa bague ni demander à voir
celle des autres” (Spectandum ne quoi anulum det,
nec roget). La bague est clairement assimilée à un
instrument de racolage ou, du moins, de séduction.
Il est possible qu’elle ait pu servir concrètement aux
prostituées pour interpeller les passants.
On peut imaginer que cette bague a appartenu à
une femme originaire des provinces de l’Est, venue
exercer son art en territoire arverne, ou qu’elle
correspond à un souvenir de campagne rapporté par
un soldat au retour de son cantonnement sur le limes
rhénan. Il s’agit, dans les deux cas de igure, d’un
bijou porté par des individus de faible statut social.
Bibliographie
Poux Matthieu (2006), “Le sanctuaire arverne de
Corent”, in Religion et société en Gaule, Christian
Goudineau (dir.), Paris, Errance, p. 117-134
Poux Matthieu (dir.) (2012), Corent, voyage au cœur
d’une ville gauloise, Paris, Errance (2e éd. revue et
augmentée)
Bague inscrite en bronze, découverte dans la cour du sanctuaire gallo-romain de Corent
117
B RIB ES D' UN QUOTIDIEN
Coutelas miniature
Matthieu Poux
Ce couteau à lame en fer, prolongée par un manche
en bronze inement ouvragé, mesure à peine 13 cm
de long. Il est issu d’une fosse d’épierrement creusée
dans l’orchestra du petit théâtre gallo-romain
découvert en 2011 sur le plateau de Corent, parmi
divers matériaux de construction provenant de la
destruction de l’édiice. À l’instar des monnaies,
des ibules et des céramiques retrouvées dans le
même contexte, principalement datées du IIe siècle
de notre ère, cet objet est probablement lié à la
fréquentation du théâtre durant les deux premiers
siècles du Haut-Empire.
Sa forme est très caractéristique. La lame possède
un dos légèrement recourbé et un seul tranchant,
concave dans la partie avoisinant la poignée,
convexe au niveau de la pointe. La poignée, coulée
directement sur la soie, présente une garde et un
pommeau ornés de plusieurs moulurations. La garde
est formée d’une traverse rectiligne en arête formant
un tenon, destinée en principe à retenir la main. Le
pommeau est prolongé par un anneau de suspension
en “col de cygne”, destiné à faciliter son accrochage à
l’aide d’un lien ou d’une chaînette.
Il s’agit de la version miniaturisée d’une série de
coutelas bien documentée sur les marges occidentales
du Massif central. Ces grands couteaux à lame ondulée
igurent dans de nombreuses sépultures galloromaines du Limousin datées du IIe siècle de notre
ère, parfois en association avec d’autres catégories
d’armes (épées, fers de lance, poignards). Leur lame
légèrement galbée et leur garde proéminente les
rapprochent des couteaux de combat de type falcata,
originaires de la péninsule ibérique et représentés en
Gaule sur l’arc de triomphe d’Orange.
De par sa taille réduite, cet objet n’a évidemment
pas pu être utilisé en guise d’arme, tout au plus
comme couteau, ou plutôt comme canif. Il s’intègre
dans une série d’épées miniatures en métal ou en
os taillé, imitant soit des glaives à bords droits, soit
des coutelas de chasse à lame recourbée. Certains
exemplaires sont associés à un fourreau inement
ciselé qui n’a pas été retrouvé à Corent. Du point
144
de vue typologique, cet exemplaire correspond à la
variante la plus commune, à lame courbe et système
de suspension dissymétrique.
Portés en pendentif ou à la ceinture, ces coutelas
miniatures ont pu être utilisés dans le cadre des
activités quotidiennes, mais ont surtout valeur de
symbole. La fouille des nécropoles, en particulier
à Esvres-sur-Indre (Indre-et-Loire), a révélé qu’ils
accompagnent souvent de jeunes enfants ou des
bébés. Il est diicile d’établir s’ils leur ont été
oferts en guise d’ofrande funéraire ou s’ils les ont
véritablement portés de leur vivant, ce qui apparaît le
plus probable. Dans les deux cas, ces armes miniatures
avaient vraisemblablement pour fonction première
de symboliser leur appartenance à une élite exerçant
régulièrement l’art de la chasse. En Auvergne, cette
pratique est attestée très anciennement par le dépôt
d’un poignard et d’un chaudron miniature dans la
tombe d’un enfant en bas-âge fouillée sur le site de
Gandaillat au sud-est de Clermont-Ferrand et datée
du IIe siècle avant notre ère.
La présence de cet objet dans l’orchestra du théâtre
de Corent laisse donc à supposer qu’il ait été
fréquenté par de jeunes enfants, issus des couches
moyennes ou supérieures de la société.
Bibliographie
Lintz Guy et Vuaillat Dominique (1987), “Les
poignards et les coutelas dans les sépultures galloromaines du Limousin”, Gallia, no 45, p. 165-188
Poux Matthieu (dir.) (2012), Corent, voyage au cœur
d’une ville gauloise, Paris, Errance (2e éd. revue et
augmentée)
Riquier Sandrine (2008), “L’armement républicain
dans les sépultures de Gaule centrale”, in Sur
les traces de César. Militaria tardo-républicains
en contexte gaulois (Actes de la table ronde de
Bibracte, 17 octobre 2002), Matthieu Poux (dir.),
Glux-en-Glenne, Centre archéologique européen,
p. 181-202
Coutelas découvert au niveau de l’orchestra du théâtre de Corent
145
La parole est aux Arvernes
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Redonner des voies à des bornes muettes.
Bornes milliaires anépigraphes de la cité
des Arvernes
Marion Dacko, Bertrand Dousteyssier
Éléments architecturaux à engobe blanc
de Lezoux
Pierre Pouenat
Fruits artiiciels et œufs factices
Philippe Bet
60
Des poinçons-matrice bien authentiques
Philippe Bet
chercheurs en archéologie
vous proposent de
monnaie
terre
cuite de
faire connaissance avec desUne
“éclats”
à laenfois
débris
ouVERCA,
Les boîtes à sceau de Lezoux : des témoins
une pièce sans valeur
joyaux,
mais tous
de l’activité commerciale
au Ierobjets
siècle du quotidien
ouou
und’exception,
objet inestimable
Philippe Bet
Philippe
Bet le territoire des
pièces d’un puzzle culturel
relétant
Signalisation routière
Marion Dacko
Le plat de Lezoux : testament,
lettre – une partieUnde
vase
à reliefs d’applique
Arvernes
l’Auvergne
actuellefabriqué
–
ou règle de conduite ?
arverne
: le
e Déchelette 74
siècle
des premiers sièclesendeterritoire
notre ère
(Ier-V
Pierre-Yves Lambert
Damien Tourgon
apr. J.-C.). Cet ouvrage rassemble plus de
Une urne inscrite redécouverte
Sous le signe du lion
300 objets phares,Julie
inédits
ou insolites de la
en conservation
Charmoillaux
Aurélien Blanc
culture romaine provinciale
objets
De Lezoux à (vaisselle,
Trèves, la métallescente,
Une tuile inscrite redécouverteet mobilier diversexemple
d’une vraieen
réussite
en céramique,
fer, en
en conservation
Philippe Bet, Daniel Gras
bronze, en os…). Mis en lumière par une
Laurent Lamoine
Des cruches tombées au fond du puits.
iconographie exceptionnelle,
ces fragments
Une inscription romaine
L’Antiquité tardive à Lezoux
dans une terrasse auvergnate archéologiques invitent
à revisiter notre
Sandra Chabert
Aurélien Blanc
perception d’une “culture
arverne”,rhénan
spéciique
Un vase culinaire
du IVe s. apr. J.-C.
Une inscription inédite du département
trouvé
de “modèle”
la capitale arverne
à ce territoire : quelle
estaux
la portes
part du
du Cantal
Alain Wittmann
romain et celle d’un substrat plus autochtone ?
Aurélien Blanc, Bertrand Dousteyssier,
Les derniers Drag. 37 de l’Empire romain
Laurent Lamoine, Franck Vautier
Résistance ? Acculturation
? Assimilation
?
ont été fabriqués
à Lezoux
Correspondances romaines Alors qu’assimilation
Philippe
Bet, Bertrandsont
Dousteyssier
et intégration
au
Aurélie Ducreux
cœur de débats sociétaux,
parfois
bonen dérivée
Palmettesiletest
rouelles
: un plat
sigilléeetpaléochrétienne
de se tourner vers ledepassé
de revisiter les
à Romagnat
Gaules pour voir la richesse
desChabert
mélanges culturels
Histoire d’argile
Sandra
et la perpétuelle construction
d’une
“culture”
qui,
Une forme
inédite
de sigillée
à Lezoux :
Des millions de vases ratés et seulement
e
la 277 que lorsqu’elle est
inalement, ne révèle sa cohérence
quelques moutons
Delphine Beranger
Philippe Bet examinée avec beaucoup de recul.
Des lions dans la cité arverne
D’une industrie de prestige à l’autre :
Philippe Bet
la Serve d’Ervier
Antéixes et éléments de toiture d’exception
Philippe Bet
Marie-José Henry
35 €
Presses ires
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